Mareau aux bois , Loiret    d'hier et d'aujourd'hui ...
Notre patrimoine ...          L'église Saint Georges
Avec sa flèche de pierre , Saint Georges de Mareau aux bois  se repère de loin , d'autant mieux que les flèches de pierre sont rares dans la région :    Etampes , Fay aux loges et Mareau aux prés sont les plus proches  .
Les dimensions de ce monument , témoin des tout débuts de l'art roman ( début du XIème siècle ) ,  sont d'importance :   Longueur 37 m ,  Largeur 15 m  &  Hauteur  33m
Sa capacité serait de l'ordre de 800 personnes
Un si grand édifice pour un si petit village  , la chose a de quoi surprendre ...
Pour mieux comprendre , penchons nous sur ses origines ...

Le domaine de Mareau appartenait à l'évêque d'Orléans  dès les Carolingiens .
Ceux-ci en firent alors don à l'abbé de Sainte Euverte , en 1168 .
Les chanoines réguliers de Sainte Euverte en furent les curés jusqu'au XVIIIème siècle .

Chanoine : ce sont des prêtres qui entourent l'évêque et sont attchés au service de la cathédrale , ou éventuellement d'une autre église dite alors collégiale , généralement alors une fondation et non une paroisse . Dès le IV ème siècle , Saint Augustin organise son collège de chanoines selon une règle monastique  . C'est encore aujourd'hui la plus répandue . Devant le succès des ordres monastiques , les prêtres s'organisèrent en communautés , tout particulièrement autour des cathédrales . D'autres vivaient autour d'une église , alors appelée collégiale , parce que désservie par un collège de chanoines . Ils suivaient une règle , d'où leur nom de chanoines réguliers .

L'église est placée sous le vocable de Saint Georges , tout comme la collégiale de Pithiviers et Grangermont , Langesse et Sury aux bois .
Trois vitraux sont consacrés à Saint Georges dans l'abside centrale .
Son plan est composé d'une nef à cinq travées , flanquées de bas-côtés , d'un transept sur chaque croisillon duquel s'ouvre une abside demi- circulaire .





















Son clocher :

Il ne s'agit pas de la partie la plus ancienne de l'édifice .  Il daterait du XIème siècle  mais aurait été restauré au XVème siècle ( flèche ) .
Le haut de la flèche s'est effondré plus tard , entrainant la destruction des 3 travées occidentales de la nef , dont le voutement actuel date du XVIIème siècle .
Au premier étage , se situe une vaste salle qui , à l'origine , était percée de 4 vastes baies, une sur chacun des cotés . A ce jour subsiste une seule ouverture ( plus étroite )  qui donne sur la nef .  
Cette salle servait elle de tribune ou de chapelle ?
Plutôt vraisemblablement de chapelle , dédiée à Saint Michel , comme  à Pithiviers 
Un parallèle s'impose avec la tour-porche de Saint-Benoit-sur-Loire , construite au XIème siècle : la même position , une structure aussi massive ( si l'on fait abstraction de la flêche ) , la même ampleur , la même volonté sans doute de frapper l'imagination ...
Précisons toutefois que si la tour de Saint-Benoit est bien une tour-porche , car elle est ouverte sur ses 3 faces extérieures , ce n'est pas le cas ici , puisque la tour de Mareau n'est ouverte que dans l'axe de la nef (  Est/Ouest )
Dans cette salle , est installée la charpente de l'horloge et du carillon .
Au dessus , la base de la flèche octogonale , nantie de 4 clochetons ,est éclairée par 4 lucarnes  .
Le haut de la flèche , détériorée par la foudre , a été refait récemment .

Les extérieurs :

Le mur Ouest  :      on y voit une petite fenêtre étroite , préromane , aujourd'hui murée ;
Au dessous on discerne des traces d'appareil en épi ( ou en arêtes de poisson )  .

Le mot "appareil" désigne la disposition et la dimension des pierres dans un mur ; Ici , les petits moellons sont disposés de biais , une rangée inclinée vers la droite et la suivante vers la gauche .
On le trouve à l'époque carolingienne , c'est à dire avant 1050 ; Il disparait  rapidement après cette date .

On trouve ensuite un petit perron qui mène à une porte dont l'arc en plein cintre est en brique 
Il s'agit de l'accès à l'étage de la flèche .
Cet élément n'est vraisemblablement pas d'origine , peut-être XVI ème siècle . 

Le mur Nord :      La nef est percée de 5 baies ;  Les 3 premières ( N° 8 , 10 & 12 ) sont en plein cintre , avec des claveaux relativement étroits , de type roman .
Les 2 suivantes sont beaucoup plus larges , en ogive , de type tardif ( XV ème au plus tôt ) 
Les fenêtres du bas coté , à l'aplomb de celle de la nef , ont été refaites au XIX ème siècle .
Mais on trouve la trace d'une porte, aujourd'hui murée , aux claveaux étroits , préromans :
Le bas coté existait donc dès le XI ème siècle et on y accédait par la dernière travée .
Cette porte dite " des morts " desservait l'ancien cimetière , accolé à l'église .
Par contre , l'accès au clocher se faisait autrement et l'adjonction d'un passage au fond du bas coté a conduit à condamner la baie N°5

Le bras Nord du transept :  On trouve ensuite un élément en légère saillie : le transept .
Quand le plan de l'église dessine une croix , le transept est le petit bras de la croix  , perpendiculaire à l'axe  principal . Il s'intercale entre la nef et l'ensemble choeur-abside .
Ici , il est à remarquer que le transept dépasse de peu la largeur du bas coté  , contrairement à ce que l'on trouve à l'époque gothique .  
Le pignon est percé d'une baie dont l'encadrement a fait l'objet de réparations diverses , mais dont la position haute et les proportions étroites sont préromanes .

Le chevet :   Une absidiole est implantée sur son mur oriental , immédiatement au-delà d'un mince contrefort roman .
Elle est éclairée par une petite baie ( N°22 ) dont l'arc est constitué d'un bloc sur lequel ont été gravés de faux claveaux . ( les claveaux sont les pierres qui constituent un arc )
L'amorce d'une arche nous indique que nous pénétrons dans l'enceinte de l'ancien prieuré , qui est devenu une ferme dont on voit la cour , au sud de l'église  .
Nous trouvons ensuite , dans l'axe de l'église , une grande abside à 3 pans , prolongée par une travée droite  ; Ce qui ne constitue pas à proprement parler une abside pentagonale , mais un coeur suivi d'une abside à 3 pans .
Elle est percée de grandes baies en arc brisé , largement ébrasées .
L'ensemble est de style XV ème .
Mais si l'on observe attentivement le segment droit qui jouxte l'abisidiole nord , on s'aperçoit qu'il est cintré ; il doit s'agir du restant d'une abside romane , en cul de four , qui a été remplacée par l'abside actuelle , après la guerre de Cent Ans , à la fin du XV éme siècle .
Sur le mur sud du coeur , on voit une porte : les 2 absidioles ont été murées à une date indéterminée , entre le XV et le XX ème siècle  . 
L'absidiole sud servit de sacristie , reliée à l'abside centrale par un couloir .
Au sud , l'absidiole a disparu au XXème siècle .
Le bloc qui coiffait la fenêtre a été déposé sous le porche  .

Le mur Sud :   Celui-ci est identique au mur nord ;  il en découle que c'est l'ensemble de l'édifice qui remonte au XI ème siècle  , avec deux modifications au XV-XVI ème siècle : l'abside et le sommet de la tour .

A l'intérieur :    Pour pénétrer sous le clocher , il faut descendre quelques marches , ce qui est un signe d'ancienneté .
Les cotés nord et sud de la tour sont allégés par trois arcatures aux chapiteaux frustres , à feuillages très contournés .

L'arcature est un arc visible dans un mur , mais qui ne marque pas une niche ou une ouverture . C'est généralement un élément décoratif , destiné à animer un grand mur nu et qui permet en même temps de l'alléger .

 La voûte est en berceau est-ouest .

Un berceau est une voûte en tunnel , dont le poids porte sur toute la longueur du mur , au lieu d'être reportésur les angles , comme dans la croisée d'ogives gothique . Il est utilisé pendant toute la période romane , en demi cercle jusque vers 100 , puis en arc brisé ensuite .

On a refait , lors des travaux postérieurs à la guerre de Cent Ans  ( mi XIV -mi XV ème ) , la porte qui permet de passer dans la nef .  
Le profil de l'arc et sa mouluration sont de cette époque . Il porte un blason à la clé .

L'archivolte qui surmonte l'arc repose , du coté gauche sur une sirène et du coté droit sur un personnage ailé qui terrasse un monstre avec une croix . Il tient également une balance ;
Il s'agit donc de Saint Michel .  Faut il y voir une allusion à la chapelle précédemment citée ?

Archivolte :  arc de pierre qui surmonte et encadre une ouverture 

Passons maintenant coté nef-absides .  L'ensemble appartient à l'art roman le plus primitif :
Les murs qui séparent nef et bas-côtés , très épais et mal alignés , aux ouvertures surhaussées et légèrement outrepassées , soulignés d'un tailloir limité à l'intrados et décoré d'un rectangle appelé " cartouche carolinginen" .

Outrepassé :  en fer à cheval
Tailloir :  pierre plate , souvent carrée et posée sur le chapiteau 
Intrados :  face interne d'un arc 


Les voûtes des travées 2 et 3 ainsi que les fenêtres qui les éclairent datent du XVII ème siècle :
Les claveaux des croisées d'ogives sont en bois , technique très utilisée à l'époque ( à Pithiviers par exemple )  Les doubleaux retombent sur de curieuses pendeloques .

Doubleau : ce sont les arcs qui séparent deux travées d'une nef .
Une voûte gothique est sous tendue par 2 arcsqui suivent les diagonales de la travée et se croisent au centre : c'est la croisée d'ogives, qui permet une préfabrication des claveaux au sol et donc un montage plus facile et plus rapide .  En outre , les espaces entre les arcs ( voûtains) sont un simple remplissage léger , car ils ne jouent aucun rôle dans la solidité de la voûte .

Quant à la fausse voûte des travées 3 à 5 et des bas-côtés , elle est plus tardive , XVII , voire XIX ème siècle
Vu la minceur des contreforts , il est probable qu'auparavant , une simple charpente , éventuellement garnie d'un lambris , couvrait ces travées .
Un caveau seigneurial est situé sous la première arcade , à droite .
Une plaque de marbre porte les noms des soldats morts pendant la guerre de 1914-1918  .
Les bas-côtés sont relativement larges mais on remarque que les absidioles ne sont pas dans le même axe . Leurs voûtes datent du XI ème siècle .
L'absidiole nord a été murée pour aménager une minuscule sacristie , aujourd'hui désafectée . On y remarque une niche immédiatement à gauche de la porte actuelle . Son pendant est visible à l'extérieur , dans l'abidiole sud .
L'abside pentagonale est voûtée d'une croisée d'ogives à sept branches , aux nervures prismatiques , ce qui confirme la datation de la période 1470-1550 .
Trois grandes fenêtres brisées et nues y distribuent la lumière .

Prismatique :  nervure dont la section est en V creusé de deux concavités . Elle est caractéristique de la période allant de la fin de la guerre de Cent Ans  ( vers 1450 ) , à la fin du XVI ème siècle .

Cette église était ornée de fresques , mais les traces visibles dans l'arc de l'absidiole sud , disparue dans la première moitié du du XX ème siècle , sont trop minimes pour en permettre une datation .

Le mobilier :   Il est réduit ; La chaire est couronnée d'une fleur de lys , ce qui porte à la dater du XVII ème siècle , comme les travaux des travées 1 et 2 .
Le banc d'oeuvre, lui , est contemporain . Il est surmonté d'un crucifix du VXII ème siècle  qui semble en faïence .

Banc d'oeuvre :  C'est le banc qu'occupaient les marguilliers , c'est à dire les laïcs chargés d'administrer les biens matériels de la paroisse  , une sorte de conseil d'administration avant la lettre : le conseil de fabrique . Le banc d'oeuvre faisait traditionnellement face à la chaire .
Les paroissiens y déposaient leurs redevances et offrandes dans des troncs aménagés sous la table , d'où la présence de fentes qui permet d'identifier ce meuble .


Les vitraux sont du XIX ème siècle .

Des registres paroissiaux ,  ont été tirées les informations suivantes concernant les modifications apportées au cours du temps ;    
Le prieur-curé Vaugeois y écrit :            " cette année 1677 ont été voûtés trois grands espaces de la nef , lambrissé les deux chapelles et fait les deux plafonds des basses ailes , à mes soins et à mes frais pour la plupart "
En 1763 , on répara des lézardes dans les grandes arcades et les voûtes du transept , ce qui causa la disparition des armes de Guillaume de Montpoulin , le fondateur de céans , sculptées à la clef de voûte .
On relève aussi , sur le registre de la municipalité l'indication qu'en l'an 12 Républicain et l'an 13 , des réparations urgentes ont eu lieu . 
En 1863 , des travaux importants apportents des modifications de l'aspect intérieur de l'église : les niches , dont on voit la trace , où sont placées les statues de la vierge et de St Joseph , au dessus de leurs autels respectifs , sont bouchées , l'une pour augmenter la largeur de la sacristie , l'autre pour l'harmonie du transept .  La tribune qui avait avait ouverture sur le clocher , est supprimée .  Les deux dernières travées des voûtes de la nef principale sont lancées et harmonisent ainsi l'ensemble du vaisseau .
Les murs décrépis de cette même nef recoivent un nouvel enduit . Enfin , le sol est carrelé en terre cuite ; c'est ce même carrelage qui subsiste de nos jours . Ce dernier est posé sur le dallage de pierre , usé , qui dans les chapelles et les bas-côtés indiquait l'emplacement de nombreuses sépultures  . La hauteur du remblai qu'a nécessité ce travail se mesure par le raccourcissement du premier gradin de l'escalier de la chaire . 
En 1888 , les plafonds plats sont remplacés par des voûtes d'ogives  , les fenêtres élargies  , la porte des morts est murée et les murs délabrés sont recrépis .
Le clocher eut aussi des avatars  ; il fût frappé par la foudre le 03 Aout 1698 et le sonneur Jacques Dorge , qui était aussi musicien organiste et maître d'école en cette paroisse fût tué .
Des réparations furent faites au clocher en 1892 .
De nouveau , le 10 Aout 1956 , la foudre frappa le clocher , brisant la grosse boule de pierre du sommet , qui supporte la croix et le coq et fissurant l'édifice sur plusieurs mètres de hauteur .  Les pierres de la pointe tombèrent sur l'église , en brisèrent une partie de la toiture et perforèrent la voûte .
Par un heureux hasard , le coq de cuivre , tombé de ses 33 mètres  de hauteur , ne fût pas endommagé !
Les réparations s'effectuèrent en 1957 . On plaça un paratonnerre et en même temps une horloge électrique .
Enfin , sur la pile ou s'appuie le banc d'oeuvre et du coté est, est fixé un insignifiant petit placard qui , au siècle dernier , abritait 2 quenouilles . C'étaient des bâtons de 60 centimètres de long environ à un bout duquel était adaptée une grosse pelote d'étoffe ou de laine de 15 centimètres de long , de forme cylindrique , revêtue de soie et ayant en son milieu un beau noeud de soie .
Au cours de la grand messe , les quêteuses ( jeunes filles de la confrérie de la Ste vierge ) portaient ces quenouilles , une blanche et une bleue , touchait avec , le bras ou la main de certaines dames , les priant ainsi de verser leur obole dans leur bourse  ... 



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Documentation :   Tout le texte qui précède est majoritairement issu de deux  publications :
( toute éventuelle erreur de retranscription n'engage  que l'auteur de ce site et en aucun cas les auteurs des documents cités ci-dessous )

La première issue de  :    Connaissance et Sauvegarde du Patrimoine  ,  association Loi 1901 dont le siège est à Pithiviers .
Remerciements à A.Bouttet , M. Herbane , M. Lory , M. Petétin , A. Posty , A.C Posty , J. Raunet et G. Terrasse .

La seconde issue de :  " Histoire d'une commune à travers le temps "  publication de l'association Mareau-Santeau L'Espoir .
Remerciements particuliers  à  Georges  Fouchez  



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A noter que des travaux de restauration générale de l'édifice ont été entrepris en 2004  :
Restauration de la flêche
Traitement des parements extérieurs des bas-côtés nord et sud
Porche intérieur : réfection des enduits et remaillage des fissures
Réfections des enduits intérieurs
Mise en place d'un drain au niveau du bas-côté sud 
Dégagement de la baie ouest